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mardi 12 août 2014

Réchauffement climatique : le temps est écoulé

SI les États accordent encore quelque importance à l’objectif de limiter la hausse moyenne des températures mondiales à 2°C d’ici à la fin du siècle, alors ils doivent agir dès maintenant, en déployant des politiques d’une envergure sans commune mesure avec les initiatives prises jusqu’à présent. Voilà en substance, l’un des principaux messages du Ve rapport sur l’atténuation du changement climatique du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont l'étude de synthèse est attendue pour le mois d’octobre 2014.

Après le volet sur les preuves physiques du réchauffement («Les éléments scientifiques») publié en septembre de l'année dernière et celui en mars sur les impacts du réchauffement («Impacts, Adaptation et Vulnérabilité»), ce troisième volet («Atténuation des changements climatiques») boucle le 5e rapport du GIEC. Or 7 ans après le précédent, il vient à nouveau confirmer l’échec des politiques publiques mises en œuvre jusqu’à présent. Aujourd'hui, non seulement les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent des niveaux sans précédent mais leur croissance n’a jamais été aussi rapide qu’au cours de la dernière décennie. De 2000 à 2010, les émissions ont augmenté de 2,2% par an, contre 0,4% en moyenne au cours des trois décennies précédentes. A ce rythme, le seuil des 2°C sera franchi dès 2030. Or le rapport lance une alerte: avec 1°C seulement de plus, nous risquons de connaître des pénuries et des campagnes désastreuses, notamment sur des denrées essentielles comme le blé, le maïs ou le riz. Voilà pourquoi ce facteur, combiné à la pression démographique et donc à la demande croissante d'aliments, constitue une très sérieuse menace. On estime que la baisse pourrait être de 2 % par décennie, alors même que la demande va, elle, certainement bondir de 14 % d'ici à 2050.

Le changement c'est donc maintenant, préviennent ainsi le Daily Telegraph et le Daily Mail. Un avertissement de taille, lorsqu'on sait que jusqu'à récemment encore, les deux grands quotidiens britanniques niaient l'existence même du réchauffement climatique. Changement climatique : la prédiction officielle de la damnation, titrait encore récemment The Independent, le journal de Londres qui, outre la pénurie d'aliments, s’inquiète également d’un risque accru de conflits violents, étant donné que la pauvreté et les chocs économiques, les deux facteurs qui traditionnellement alimentent ce type de conflits seront, de facto, exacerbés. Et puis comme en 2007, les experts mettent à nouveau en garde contre le coût économique de l’inaction. Le changement climatique générera des pertes qui se chiffrent en milliards de dollars. Or, plus les gouvernements tardent et plus la charge sera lourde pour les générations futures. Toutes les études analysées le confirment.

Problème, pour certains, même si ce texte, lequel constitue le résumé pour les décideurs, est destiné à éclairer les gouvernements dans leurs choix, en compilant l’état des connaissances sur les possibles scénarios de dé-carbonisation de l’économie mondiale, il n'apporte en revanche aucune réponse concrète et réaliste. Mais attention, les économistes ne sont pas seuls à blâmer, précise aussitôt Le Temps de Genève. La balle, dit-il, est aussi dans le camp des politiques. Car des choix de société doivent être faits. Or combien sommes-nous prêts à payer pour ne pas laisser ce fardeau aux générations futures? La science, seule, ne peut pas répondre à cette question.

Que faire ? Parmi les solutions possibles, le site Bigbrowser précise qu’aux États-Unis, le déploiement du plan de lutte contre le réchauffement climatique donne désormais des ailes aux chercheurs, justement, lesquels réfléchissent à réduire les émissions de gaz à effet de serre grâce à des vaches propres, ou dit autrement, à réduire les flatulences des bovins, responsables malgré eux du réchauffement climatique.

Le président américain, Barack Obama, qui s'est fixé pour objectif de réduire de 17 % d'ici à 2020 les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis, a en effet proposé fin mars, un plan de réduction des émissions de méthane, qui constituent 9 % des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis. Le gouvernement américain va, entre autres, encourager les éleveurs à installer des systèmes de récupération et de réutilisation du méthane au sein des exploitations. Et c’est ainsi donc que boostés par ces dispositions gouvernementales, des scientifiques ont relancé leurs recherches dans la quête de la vache du future, une espèce bovine propre en méthane, qui ne rejetterait que peu de ce gaz naturel, dont l'effet de serre peut être jusqu'à 84 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone, principale source du réchauffement climatique.

Pour le directeur du Centre américain d'innovations pour les produits laitiers, interrogé par le Financial Times, s'attaquer à ce problème est même une priorité. Et d’ailleurs, selon lui, la vache de l'avenir n'est pas une chimère. Équipé de pilule anti méthane, ou d'un sac à dos à gaz, l'animal pourrait ainsi voir ses émissions de méthanes réduites à néant.  Sauf que les obstacles financiers sont encore trop nombreux, dit-il, pour le déploiement au niveau national d'une telle technologie, et encore plus sans financement public. Et puis la solution pourrait aussi passer par une approche totalement repensée du mode d'alimentation des vaches. Nourries en partie de basilic, ou à l'aide de granulés faciles à digérer, l'impact sur les émissions de méthanes dans l'air pourrait être spectaculaire, car précise toujours le quotidien britannique, 97% du gaz produit par les vaches est évacué sous forme d'éructation par la bouche.

Ou pour paraphraser un certain Serge Gainsbourg, le snobisme de la lutte contre le réchauffement climatique est aujourd'hui une bulle de champagne qui hésite entre le pet et le rot.

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