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mercredi 27 août 2014

Le végétarisme, un amour de régime

Pour en finir avec les idées reçues…

MANGER végétarien est  une  manière moderne et  agréable de  rester  en bonne  santé tout en se faisant plaisir. Le  mode d’alimentation végétarien s’appuie  sur un large éventail  de produits nourrissants, délicieux  et sains. Les végétariens évitent la viande, le poisson et la volaille. On appelle lacto-ovo-végétariens ceux qui acceptent les produits laitiers et les œufs. Les végétaliens (ou végans), parfois appelés végétariens stricts, refusent la viande, le poisson, la volaille, les œufs  et les produits laitiers. Malgré tous les avantages que présente le mode d’alimentation lacto-ovo-végétarien, les régimes végétaliens sont les plus sains  de tous, car ils diminuent les risques d’un nombre considérable de maladies.

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Un cœur en bonne santé
Les végétariens ont beaucoup moins de cholestérol que les personnes qui mangent de la viande  et  les problèmes cardiaques sont rares chez eux. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Les repas  végétariens sont remarquablement pauvres en graisses saturées et contiennent généralement peu de cholestérol, voire pas du tout. Étant donné que le cholestérol se trouve uniquement dans  les produits animaux tels que  la viande, les produits laitiers et les œufs, les végétaliens consomment des aliments dépourvus de cholestérol.
Le type de protéines consommé dans  l’alimentation végétarienne présente un autre avantage important. En effet, de nombreuses études montrent qu’en remplaçant les protéines animales par des protéines végétales, on voit baisser  le taux  de cholestérol, même si on continue à consommer la même quantité et le même type de graisses. Ces études apportent la preuve qu’une alimentation végétarienne pauvre en graisses est  nettement préférable aux autres formes d’alimentation.

Une tension artérielle moins élevée
Un nombre impressionnant d’études, dont certaines remontent au début des  années 1920, montre que  les végétariens ont une  tension artérielle moins  élevée  que  les non-végétariens. Certaines études ont même montré que  si on ajoute de la viande à un régime végétarien, on voit la tension  artérielle  s’élever  rapidement.  Les  effets de  l’alimentation  végétarienne s’ajoutent  aux effets  bénéfiques de la réduction d’apport de sel. Certains  hypertendus adoptant un régime  végétarien peuvent se passer de médicaments.

Le diabète maîtrisé
Les toutes dernières études concernant cette maladie montrent que la meilleure façon de la maîtriser est d’adopter un régime riche en glucides complexes et en fibres (que l’on trouve uniquement dans les aliments d’origine végétale) et pauvre en graisses. Une alimentation à base de légumes, légumineuses, fruits et céréales complètes, qui est aussi pauvre en graisses et en sucre, peut faire baisser le taux de sucre dans le sang et réduit, voire supprime, le besoin de médicaments. Les diabétiques courent un grand risque de devenir cardiaques, et l’un des objectifs les plus importants du régime diabétique étant d’éviter les graisses saturées et le cholestérol, le mode d’alimentation végétarien est donc idéal.

Prévention du cancer
L‘alimentation végétarienne contribue à la prévention du cancer. Les études menées sur des végétariens montrent que le taux de mortalité par cancer est, chez eux, de 50 à 75 % en moins seulement par rapport à celui de la population en général.
Le cancer du sein est considérablement moins fréquent dans les pays à forte consommation de nourriture végétale. Lorsque les habitants de ces pays adoptent le régime occidental à base de viande, le nombre de cancers du sein monte en flèche (les quatre pays les plus carnivores de la Planète, l’Argentine, l'Uruguay, la France et le Royaume-Uni, sont justement ceux où le taux de cancer du sein est le plus élevé au monde). De même, les végétariens ont nettement moins de cancers du côlon que les personnes qui mangent de la viande. La consommation de viande est plus directement liée au cancer du côlon que n’importe quel autre facteur d’ordre diététique.
Pourquoi les modes d’alimentation végétariens contribuent-ils à protéger du cancer ? Tout d’abord, parce qu’ils sont plus pauvres en graisses et plus riches en fibres que les régimes à base de viande. Mais ce n’est pas tout : d’autres facteurs jouent aussi un rôle important. Les végétaux contiennent des substances «anti-cancer» que l’on appelle les phytonutriments (comme les fibres alimentaires et les antioxydants). Par exemple, les végétariens consomment généralement davantage de bêtacarotène et de lycopène, des pigments contenus dans les végétaux, ce qui pourrait expliquer pourquoi ils ont moins de cancers du poumon et de la prostate. De la même façon, des études ont montré que les alimentations sans produits laitiers peuvent réduire le risque de cancer de l’ovaire et de cancer de la prostate.
Le régime végétarien n’a pas encore tout dévoilé de son efficacité à lutter contre les diverses formes de cancer. Par exemple, les chercheurs n’expliquent pas encore très bien pourquoi certains globules blancs, les lymphocytes NK dits «cellules tueuses naturelles», capables de débusquer puis de tuer les cellules cancéreuses, sont plus nombreux chez les végétariens.

Le calcium
Les végétariens sont moins susceptibles de souffrir de calculs rénaux ou biliaires. De plus, les végétariens ont moins de risques d’ostéoporose, et cela parce qu’ils consomment peu ou pas de protéines animales. Si l’on consomme beaucoup de protéines animales, le calcium des os sera encore davantage éliminé par les urines. En remplaçant les produits animaux par des végétaux, on réduit les fuites urinaires de calcium. Cela peut aider à expliquer pourquoi, dans les pays où le mode d’alimentation est essentiellement végétal, les gens souffrent rarement d’ostéoporose, même lorsqu’ils consomment peu de calcium.

Planifier une alimentation végétarienne
Il n’est pas difficile d’adopter un mode d’alimentation végétarien répondant à ses besoins physiologiques. Céréales, légumes secs et légumes frais contiennent beaucoup de protéines et de fer. Les légumes à feuilles vertes, les haricots, les lentilles, le tofu et les noix sont d’excellentes sources de calcium.
La vitamine D est naturellement produite par le corps à chaque exposition de la peau au soleil. Les personnes à la peau foncée, et celles vivant sous les latitudes nordiques ont davantage de difficultés à produire cette vitamine. Dans la pratique, en raison de l’évolution de nos modes de vie et de la pollution atmosphérique, environ 75 % des Français, quelque soit leur mode alimentaire sont carencés en vitamine D. Les adultes ne doivent pas hésiter à prendre environ 4 000 UI de vitamine D2 par jour sous forme de suppléments s’ils veulent avoir des apports optimaux. Par exemple, on peut prendre 10 gouttes par jour de Stérogyl gouttes, spécialité qu’on peut acheter sans ordonnance. Ce conseil ne s’applique pas aux seuls végétariens mais à tout le monde.
La prise régulière de vitamine B12 est également importante. De bonnes sources peuvent être trouvées dans des petits déjeuners aux céréales, des produits au soja, et certaines marques de levure alimentaire. Il est particulièrement important que les femmes enceintes et celles qui allaitent consomment suffisamment de vitamine B12. Sur l’étiquette détaillant la composition d’un produit, il faut chercher l’un des mots suivants : cyanocobalamine, hydroxycobalamine, méthylcobalamine ou simplement B12. Une autre façon d’assurer ses apports en vitamine B12 est de prendre des suppléments, par exemple une ampoule de vitamine B12 par semaine. Ces ampoules sont disponibles dans toutes les pharmacies sans ordonnance.
Il est intéressant de noter que les animaux d’élevage sont supplémentés quasi-systématiquement en vitamine B12 pour la production de viande. Ainsi, l’écrasante majorité de la production mondiale de vitamine B12 est destinée à l’alimentation du bétail. De ce fait, il n’est pas plus « naturel » de manger de la viande que de se supplémenter directement en vitamine B12. Notez que la vitamine B12 n’est pas produite par synthèse chimique mais à l’aide de bactéries cultivées. Il est donc aussi naturel de prendre de la vitamine B12 que de manger des carottes cultivées en lieu et place de carottes « sauvages ».

mardi 26 août 2014

La parade de la honte

LEURS visages s'affichent partout dans la presse ce matin. Une 40aine de soldats ukrainiens, humiliés, insultés. C'était hier à Donetsk. Des prisonniers de guerre contraints par les séparatistes prorusses à défiler devant un public haineux, les traitant tout à la fois de nazis, de fascistes, de pédérastes et de tueurs d'enfants. Sur ces photos, ces hommes qu'on imagine tout juste sortis des cachots et encadrés par des combattants munis de fusils à baïonnettes marchent en colonne, pour la plupart le visage baissé. On les voit mal rasés, sales et suivis d'engins de nettoyage, comme si leur passage avait souillé la ville.


Une parade humiliante, donc, contraire bien évidemment aux conventions de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre. Au point, d'ailleurs, que certains même des dirigeants de la mouvance séparatiste s'étaient dits opposés à une telle exhibition.

En vain donc. Et pourquoi ? Tout d'abord, parce que cette sinistre mise en scène était censée rappeler «la marche des vaincus», organisée en 1944 à Moscou, lorsque le pouvoir soviétique avait choisi de faire défiler plus de 50 000 prisonniers de guerre allemands. Et puis, précise ce matin le New York Times, parce que ce défilé, organisé le même jour que la grande parade militaire à Kiev, était avant tout l'occasion de se moquer de l'armée nationale. Un pied de nez, en somme, aux autorités ukrainiennes qui pour regonfler le moral de leurs troupes célébraient hier en grande pompe la fête de l’Indépendance.

Alors, faut-il seulement s'étonner de cette démonstration de haine ? Pour Le Temps de Genève, toute guerre s’accompagne inévitablement de mobilisation mentale, comprenez, de fièvre guerrière. Or cette fièvre n'est pas l'apanage aujourd'hui, des seuls séparatistes. En quelques semaines, la presse allemande, notamment, a perdu son sang-froid. C'est ainsi que le champ des opinions est devenu aussi étroit, dit Le Temps, que la cible d’un sniper. Les médias que nous imaginions brasser de grandes réflexions lancent désormais des appels aux sanctions contre la Russie de Poutine. Quand le Tagesspiegel hurle «assez parlé!», en référence à la visite à Kiev ce week-end de la chancelière allemande, la Frankfurter Allgemeine Zeitung de son côté harangue : «Montrez de la force!».

Or le problème c'est que chaque série d’accusations aboutit toujours au même résultat : des allégations et ­des contre-allégations qui s’entremêlent de façon tellement inextricable, qu'au final les faits deviennent complètement obscurs. Qui donc a commencé ? Est-ce que tout est parti avec l’invasion de la Crimée par la Russie ou bien est-ce l’Occident qui le premier a encouragé la déstabilisation de l’Ukraine ? Est-ce la Russie qui veut s’étendre vers l’Ouest ou est-ce l’OTAN qui rogne du terrain à l’Est ?

Remettre un peu de raison dans le débat.

Et bien, si à ce stade, vous attendez toujours une réponse à la question «à qui la faute?», autant vous dire qu'il n’y a pas de vérité cachée. Nous ne savons pas comment cela a commencé. Et plus encore nous ne savons pas comment cela finira. Nous sommes assis, ici, juste en plein milieu de l’affaire.

La politique de l’escalade montre à quel point l’Europe manque désormais d’objectif réaliste. Même l’idée de mettre la Russie sous pression et de l’isoler n’a pas été pensée jusqu’au bout. Car quand bien même nous réussirions, à quoi bon mettre la Russie à genoux ? Comment vouloir vivre dans la maison européenne, en compagnie d’un peuple humilié, dont le chef élu, Poutine, est traité comme un paria ? La politique de représailles ne servira à rien.

Mieux vaut suivre l’exemple d'un certain Willy Brandt qui, lorsqu’il était maire de Berlin-Ouest, fut confronté à la construction unilatérale du Mur par les Soviétiques. Or à l'époque, combien de sanctions lui ont été suggérées ! Sauf que lui décida de passer outre à ce festival d’indignations. Jamais il n’a cédé à la tentation des représailles. Au contraire, il a accepté la nouvelle donne, sachant qu’aucune vague d’indignation, même importante, ne saurait abattre ce Mur avant un moment. Et c'est ainsi qu'en pleine guerre froide, alors que les puissances mondiales semblaient prêtes à se jeter l’une sur l’autre, Willy Brandt a préféré reconnaître le statu quo, pour le changer mais beaucoup plus tard et ainsi éviter de basculer de la division à la guerre.

Alors demain, justement, Vladimir Poutine et Petro Porochenko doivent se retrouver à Minsk. Des représentants de la Commission européenne seront également présents. Reste à savoir si ce sommet se résumera à une simple réunion technique, sur les taxes douanières et les approvisionnements énergétiques ou bien s'il sera l'amorce d'un processus de négociation entre la Russie et l'Ukraine. On serait plutôt sceptique.

Et pourtant, au 21ème siècle, nous devrions essayer d’éviter le détour par les champs de bataille. Alors c’est vrai, l’histoire ne se répète pas. Mais peut-être devrions-nous chercher un raccourci. Et le plus tôt sera le mieux.

Parce qu’en fin de compte, la politique consistant à foncer tête baissée contre un mur ne donnera jamais rien d'autre qu’un mal de crâne. D’autant plus lorsque, dans ce mur, il y a une énorme porte et que la clé s’appelle «conciliation des intérêts».

lundi 18 août 2014

Les 21, 22 & 23 août les écolos ont rendez-vous à Bordeaux ! !

VENEZ nombreux !

Vous êtes nombreux-ses à les attendre…. Les journées d’été 2014 se dérouleront à Bordeaux les 21, 22 et 23 août prochain, sur le site de l’Université Bordeaux 3.

Demandez le programme...
Il est beau, il est chaud,  demandez le programme officiel des journées d’été. Téléchargez en PDF le programme des JDE 2014.

40 ans après la candidature à la présidentielle de René Dumont, 30 ans après la création des Verts, ces journées d’été “anniversaire“ seront l’occasion de célébrer nos combats et notre histoire, de rassembler le plus largement possible la famille écologiste mais aussi de préparer la suite pour écrire ensemble nos succès à venir. Lire la suite ici.

NB. Nous partons en voiture avec Marie-Noëlle Despietz et Claire Klujsters ce mercredi à 6h45. Dépêchez-vous, il reste encore une place si cela vous tente. Appelez-moi au 06.44.93.34.19



mercredi 13 août 2014

Les communautés locales, rempart contre la déforestation

POUR lutter contre la déforestation, un rapport suggère de «renforcer les droits des communautés qui vivent dans les forêts», car elles protègent bien mieux leurs arbres des coupes illégales que ne le font les États.

 
 L'Université du Maryland s'est lancé un défi étonnant: suivre «en temps réel» l'évolution de toutes les forêts du monde.

Centaines d'hectares par centaines d'hectares, jour après jour, les forêts disparaissent. Selon les données de la FAO (organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), elles couvrent quelque quatre milliards d'hectares dans le monde. Et si la déforestation - essentiellement la conversion des forêts tropicales en terres agricoles - ralentit, «elle se poursuit à un rythme alarmant», commente l'agence onusienne dans son dernier recensement (2010). Entre 2000 et 2010, environ 13 millions d'hectares ont disparu chaque année. Le chiffre était de 16 millions dans les années 1990. Outre son rôle primordial dans le cycle du carbone, la forêt représente des écosystèmes très divers et une source importante d'emplois et de moyens d'existence. Dès lors, comment lutter?

Une des réponses se trouve dans le rapport publié par le WRI (World Ressource Institute) et RRI (Rights and the Resources Initiative), deux ONG américaines. Elles ont recensé les études effectuées dans 14 pays abritant les grandes forêts tropicales (Brésil, Indonésie, Mexique, Pérou, Guatemala...) pour voir la différence de déforestation entre les zones sous tutelle des gouvernements et celles gérées par les communautés locales.

Le bilan est sans appel: «Renforcer les droits des communautés qui vivent dans les forêts est une stratégie essentielle pour éviter d'émettre des milliards de tonnes de carbone, pour aider les gouvernements à atteindre leurs objectifs en matière de climat et, enfin, pour protéger les moyens de subsistance de ces communautés.» De fait, les villageois protègent bien mieux leurs arbres des coupes illégales que ne le font les États, qui n'ont bien souvent pas les moyens de financer la surveillance de zones généralement gigantesques.

«Globalement, on estime que 513 millions d'hectares sont gérés par les communautés locales, soit 1/8 de la forêt mondiale», souligne Robert Winterbottom, spécialiste de la forêt au WRI. Concrètement, dans la forêt amazonienne au Brésil, les coupes sont onze fois moins importantes là où elles sont sous contrôle des habitants que dans le reste de la forêt dont la responsabilité revient à l'État. «Dans la partie bolivienne de la forêt c'est six fois moins, au Guatemala c'est 20 fois moins, quant au Mexique et plus précisément dans le Yucatan, c'est carrément 350 fois moins», rapporte encore Robert Winterbottom. Pour obtenir ces résultats, les ONG se sont appuyées sur près de 130 publications, mais également sur dix années de données satellitaires entre 2001 et 2010.

Au Guatemala, les habitants de Carmelita, située au cœur de la réserve de biosphère Maya, protègent bien mieux les 50.000 hectares de forêt de leur communauté que ne le fait l'État, qui peine à surveiller les quelque 21.000 km² que couvre la réserve. «En ce qui concerne la lutte contre le changement climatique, les droits des communautés sur leur territoire doivent donc être inscrits sur la liste des outils indispensables», conclut Jennifer Morgan, la responsable du programme climat et énergie au WRI.

mardi 12 août 2014

Réchauffement climatique : le temps est écoulé

SI les États accordent encore quelque importance à l’objectif de limiter la hausse moyenne des températures mondiales à 2°C d’ici à la fin du siècle, alors ils doivent agir dès maintenant, en déployant des politiques d’une envergure sans commune mesure avec les initiatives prises jusqu’à présent. Voilà en substance, l’un des principaux messages du Ve rapport sur l’atténuation du changement climatique du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont l'étude de synthèse est attendue pour le mois d’octobre 2014.

Après le volet sur les preuves physiques du réchauffement («Les éléments scientifiques») publié en septembre de l'année dernière et celui en mars sur les impacts du réchauffement («Impacts, Adaptation et Vulnérabilité»), ce troisième volet («Atténuation des changements climatiques») boucle le 5e rapport du GIEC. Or 7 ans après le précédent, il vient à nouveau confirmer l’échec des politiques publiques mises en œuvre jusqu’à présent. Aujourd'hui, non seulement les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent des niveaux sans précédent mais leur croissance n’a jamais été aussi rapide qu’au cours de la dernière décennie. De 2000 à 2010, les émissions ont augmenté de 2,2% par an, contre 0,4% en moyenne au cours des trois décennies précédentes. A ce rythme, le seuil des 2°C sera franchi dès 2030. Or le rapport lance une alerte: avec 1°C seulement de plus, nous risquons de connaître des pénuries et des campagnes désastreuses, notamment sur des denrées essentielles comme le blé, le maïs ou le riz. Voilà pourquoi ce facteur, combiné à la pression démographique et donc à la demande croissante d'aliments, constitue une très sérieuse menace. On estime que la baisse pourrait être de 2 % par décennie, alors même que la demande va, elle, certainement bondir de 14 % d'ici à 2050.

Le changement c'est donc maintenant, préviennent ainsi le Daily Telegraph et le Daily Mail. Un avertissement de taille, lorsqu'on sait que jusqu'à récemment encore, les deux grands quotidiens britanniques niaient l'existence même du réchauffement climatique. Changement climatique : la prédiction officielle de la damnation, titrait encore récemment The Independent, le journal de Londres qui, outre la pénurie d'aliments, s’inquiète également d’un risque accru de conflits violents, étant donné que la pauvreté et les chocs économiques, les deux facteurs qui traditionnellement alimentent ce type de conflits seront, de facto, exacerbés. Et puis comme en 2007, les experts mettent à nouveau en garde contre le coût économique de l’inaction. Le changement climatique générera des pertes qui se chiffrent en milliards de dollars. Or, plus les gouvernements tardent et plus la charge sera lourde pour les générations futures. Toutes les études analysées le confirment.

Problème, pour certains, même si ce texte, lequel constitue le résumé pour les décideurs, est destiné à éclairer les gouvernements dans leurs choix, en compilant l’état des connaissances sur les possibles scénarios de dé-carbonisation de l’économie mondiale, il n'apporte en revanche aucune réponse concrète et réaliste. Mais attention, les économistes ne sont pas seuls à blâmer, précise aussitôt Le Temps de Genève. La balle, dit-il, est aussi dans le camp des politiques. Car des choix de société doivent être faits. Or combien sommes-nous prêts à payer pour ne pas laisser ce fardeau aux générations futures? La science, seule, ne peut pas répondre à cette question.

Que faire ? Parmi les solutions possibles, le site Bigbrowser précise qu’aux États-Unis, le déploiement du plan de lutte contre le réchauffement climatique donne désormais des ailes aux chercheurs, justement, lesquels réfléchissent à réduire les émissions de gaz à effet de serre grâce à des vaches propres, ou dit autrement, à réduire les flatulences des bovins, responsables malgré eux du réchauffement climatique.

Le président américain, Barack Obama, qui s'est fixé pour objectif de réduire de 17 % d'ici à 2020 les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis, a en effet proposé fin mars, un plan de réduction des émissions de méthane, qui constituent 9 % des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis. Le gouvernement américain va, entre autres, encourager les éleveurs à installer des systèmes de récupération et de réutilisation du méthane au sein des exploitations. Et c’est ainsi donc que boostés par ces dispositions gouvernementales, des scientifiques ont relancé leurs recherches dans la quête de la vache du future, une espèce bovine propre en méthane, qui ne rejetterait que peu de ce gaz naturel, dont l'effet de serre peut être jusqu'à 84 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone, principale source du réchauffement climatique.

Pour le directeur du Centre américain d'innovations pour les produits laitiers, interrogé par le Financial Times, s'attaquer à ce problème est même une priorité. Et d’ailleurs, selon lui, la vache de l'avenir n'est pas une chimère. Équipé de pilule anti méthane, ou d'un sac à dos à gaz, l'animal pourrait ainsi voir ses émissions de méthanes réduites à néant.  Sauf que les obstacles financiers sont encore trop nombreux, dit-il, pour le déploiement au niveau national d'une telle technologie, et encore plus sans financement public. Et puis la solution pourrait aussi passer par une approche totalement repensée du mode d'alimentation des vaches. Nourries en partie de basilic, ou à l'aide de granulés faciles à digérer, l'impact sur les émissions de méthanes dans l'air pourrait être spectaculaire, car précise toujours le quotidien britannique, 97% du gaz produit par les vaches est évacué sous forme d'éructation par la bouche.

Ou pour paraphraser un certain Serge Gainsbourg, le snobisme de la lutte contre le réchauffement climatique est aujourd'hui une bulle de champagne qui hésite entre le pet et le rot.

jeudi 7 août 2014

L’Afrique, des raisons d’espérer

TOURNONS-NOUS vers l’avenir de l’Afrique car il y a des raisons d’être optimiste pour le futur de son développement économique. Comment l’Afrique peut-elle jouer d’un certain nombre de ses ressources? Beaucoup de pays non Africains, qui n’avaient souvent aucune raison historique avec le continent, s’intéressent de plus en plus aux Africains. On peut parler du Japon, de la Chine, de l’Inde, de la Turquie, de certains pays du Golfe, du Brésil, du Maroc.

Tout d’abord, il n’y a pas « une » Afrique, mais « des Afriques »

Il existe plusieurs grands groupes de pays qui se développent à des rythmes différents. Il y a d’abord ceux qui étaient les plus prédisposés (parce que plus préparés) comme l’Afrique du Sud et les pays alentour pour des raisons historiques et pour le peuplement dont ils ont bénéficié ; des pays, par ailleurs,  qui ont été surexploités et convoités pour leurs ressources, comme la RDC-République Démocratique du Congo, qui se trouvent toujours en marge, alors que le potentiel est là. 

Par ailleurs, on assiste à la montée en puissance (tout en nuance) de cet ensemble de pays autour de la Corne de l’Afrique (comme l’Éthiopie) et du Nigeria : l’importance de leur population y est pour beaucoup… mais c’est leur dynamisme presque historique qui les rend encore plus attractifs. Et dans leur pourtour se trouve un ensemble d’autres pays...

Des ressources, des capacités que chaque pays met plus ou moins à profit… l’avenir de l’Afrique dépend de la valorisation des capacités et des potentialités existantes.
Sur le papier, l’Afrique dispose de richesses énormes: des matières premières très convoitées; du bois ; son agriculture; les minerais… on est devant un continent bien doté par la nature. Cela dit, l’Afrique reste un continent peu industrialisé. 

Et d'un autre côté, le problème des potentialités du continent pose celui du regard que l'Occident a souvent porté sur l’Afrique. Que s'est-il passé?
Sur le plan historique, le colonialisme n’a pas mené d’exploration géologique notoire des richesses pétrolières. Ce n’est qu’au beau milieu du XXe siècle que les prospections pétrolières ont révélé les richesses et les potentialités de pays comme le Nigeria, la Somalie, le Sud Soudan ou l’Ouganda.

La conquête de la souveraineté: vers une nouvelle indépendance. 

D’autre part, ces potentialités sont largement exploitées par des intérêts extérieurs aux Africains. Ces derniers doivent se rendre davantage maîtres de ces opportunités pour le bénéfice de leurs populations. Ici l’Afrique se heurte à différents problèmes qu’on convient d’appeler le « syndrome hollandais » (*), comme dans le cas du Nigeria : la région dispose de ressources considérables qui n’ont pas toujours été mis à profit ou au service des populations autochtones. D’où l’émergence de problèmes et de conflits : comme dans le Delta du Niger ou comme celui posé par la secte Boko Haram au Nigeria ; mais aussi la mise au point d’une fiscalité qui s’appuie sur ces ressources (exemples de la Guinée ou de la Zambie, des pays miniers dont les ressources fiscales sont relativement faibles, parce que les grandes sociétés exploitantes pratiquent l’« optimisation fiscale ».)

Sur le plan politique, on ne peut que remarquer la faiblesse endémique de l’État et des structures étatiques, de l’appareil administratif des pouvoirs publics; mais aussi les conflits armés, les facteurs ethniques, religieux sur la bande Saharo-Sahélienne. 

Est-ce une sorte de fatalité politique ?

Sans craindre de généraliser, en Afrique la création des États s’est faite dans la violence –tout autant qu’en Europe, la guerre fut le vecteur de l’émergence de l’État. Le problème en Afrique a été (et reste encore pour beaucoup) l'émergence des régimes politiques sur la base de groupes pas forcément ethniques mais qui s’installent au pouvoir et qui le défendent bec et ongles. Il y a d’abord la répartition des « national cakes », une sorte de kleptocratie. On assiste cependant depuis une vingtaine d’années à la monte en puissance du contrôle de ces régimes de manière démocratique. C’est le cas du Sénégal ou du Botswana, de l’Afrique du Sud; mais aussi celui d’autres pays comme le Bénin ou le Ghana qui n’étaient pas très en avance sur le plan de la bonne gouvernance –ce dernier pays a connu beaucoup de coups d’État et est aujourd’hui présenté comme exemplaire à ce niveau. 

C’est clair, l’Afrique cherche ses marques. Elle sort d’une longue période où la guerre froide l’avait prise comme théâtre de guerres souvent promues par l’extérieur. Aujourd’hui, du moins pour certaines de ses régions, elle est en train de trouver les moyens et les contrôles nécessaires à une meilleure régulation de ses ressources.

Mais l’Afrique ne commerce pas avec elle-même. Les intégrations économiques régionales sont faibles –à l’exception de l’Afrique Australe et de l’Ouest. Un chiffre est exemplaire: la part des échanges intra-africains sur le global était de 14% en 2012. Il n’y a pas assez de « coagulation » économique régionale. Mais au-delà des chiffres officiels, force est de reconnaître que beaucoup des échanges se passent de façon « souterraine »  et que le Fonds Monétaire International ne relève pas ces chiffres-là dans ses statistiques: ainsi va-t-il du commerce informel transfrontalier qui se fait entre populations de groupes culturels de même type. Tout autour de la RDC, des échanges commerciaux importants se font de manière informelle et non enregistrée. La part du commerce informel dans l’Afrique Subsaharienne  est bien plus importante que les statistiques officielles ne veulent le faire croire.  Au Kenya, au Madagascar, en RDC, en RSA, il existe des entreprises qui sont en capacité d’affronter de tels échanges –des supermarchés Sud-Africains  diffusent leur distribution agroalimentaire un peu partout dans l’Afrique Australe.

L’une des priorités de l’Afrique dans les années à venir semble être la formation de cadres politiques, presque d’une infrastructure au sens sociétal du terme, dans des États qui ne sont souvent que des régimes prédateurs d’eux-mêmes. Sans oublier que le processus de scolarisation y est partout imparable… l’effort en l’espace de 30 ans a été énorme. La mise en place de l’enseignement secondaire et supérieur est notoire: aujourd’hui plus de 40% de la population subsaharienne est passée par l’enseignement secondaire. La question aujourd’hui est d’améliorer la qualité de cet enseignement pour qu’il réponde mieux aux besoins et aux objectifs et qu’il soit professionnalisé pour que la fuite des cerveaux cesse. C’est d’autant plus fondamental que la croissance démographique y est soutenue. Il y avait 1 milliard d'Africains en 2010. On prévoit que la population du continent dépassera les 2 milliards en 2050. 

On voit l’ampleur des défis.

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(*) La rente tirée de la différence entre le prix de vente et le coût d'exploitation des hydrocarbures peut avoir des effets pervers importants.
Les Pays-Bas l'ont appris à leurs dépens dans les années 70, après que fut découvert et exploité l'important gisement de gaz de Groningue.
Le gonflement soudain des exportations tira vers le haut le taux de change de la devise néerlandaise, réduisant d'autant la compétitivité internationale des produits locaux.
D'où le terme de « syndrome hollandais » (dutch disease) donné à ce revers de la médaille, qui entraîna une désindustrialisation conséquente du pays. 

vendredi 1 août 2014

La bombe à retardement des énergies fossiles


S’IL y a un monde aléatoire, c’est bien sûr celui des énergies. Dès le début des années 70 on annonçait la fin du pétrole et donc de la croissance. Ensuite le fameux pic pétrolier régulièrement repoussé. Ne parlons pas des cours du baril avec ses mouvements de yo-yo depuis les deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979. 

Dans les années 2000 le gaz naturel liquéfié a suscité des espoirs considérables. On assure aujourd’hui que le pétrole et le gaz de schiste devraient faire des Etats-Unis le premier producteur mondial. Puis d’ici la fin des années 2020, le premier exportateur mondial. La tragédie nucléaire de Fukushima en 2011 a aussitôt bouleversée la donnée énergétique en Europe, au point que l’Allemagne revient au charbon et qu'il n’y aura plus de nucléaire allemand dans huit ans Du coup, l'Allemagne devient le grand pollueur du Vieux Continent. 

Bref, on ne cesse de verser tour à tour ou simultanément dans l’euphorie et dans le catastrophisme… 

Ce qui se passe depuis les années 70 est inquiétant. On considère, d’après l’Association Internationale de l’Energie, que d’ici 2035 l’augmentation globale en sources d’énergie primaires serait de l’ordre du tiers de la consommation actuelle –ce qui correspond à la totalité de la production pétrolière actuelle dans le monde. Cela veut dire que, d’ici 15 ou 20 ans, il faudrait développer de nouvelles capacités de production –de l’ordre de 40 millions de barils par jour de production supplémentaire pour répondre à la consommation, selon l’AIE, cela équivaut à 4 nouvelles Arabie Saoudite… le défi est colossal car la consommation augmente et la production décline. La plupart des gisements ‘matures’ sont dans le déclin. Ainsi l’Algérie n’aura plus de pétrole ni de gaz à exporter dans 15 ou 20 ans ; l’Egypte importe déjà une bonne partie de sa facture de gaz ; l’Indonésie n’est plus depuis longtemps exportatrice, etc.

La responsabilité de tout ceci incombe bien sûr aux pays producteurs, mais aussi aux sociétés pétrolières, aux pays consommateurs et à l’AIE, qui n’ont pas attiré l’attention suffisamment à temps sur ce problème. Au contraire, ils ont tout fait pour rassurer inutilement. Pire encore, on sait très bien maintenant qu’on ne peut pas parler d’énergie sans parler du climat. Les hydrocarbures et les énergies fossiles sont les principaux responsables de la pollution, du gaz à effet de serre. La force de la routine, les intérêts économiques des grandes sociétés pétrolières et l’inertie des pays consommateurs nous ont emmenés vers l’impasse.

Cela dit, depuis l’arrivée du nouveau prévisionniste en chef de l’AIE, Fatih Birol, le discours est devenu un peu plus lucide et alarmiste. Heureusement, mais pas suffisamment. Heureusement, car sur le plan des prévisions à long terme, ils reviennent de loin (on ne peut que constater qu’il est impossible de produire 135 millions de barils par jour ! comme l'AIE le proposait à la fin des années 80). Le président de la BP, Carl-Henric Svanberg, estime que tout cela est nécessaire pour assurer le confort de l’humanité… mais à quel prix, serait-on tenté de lui répondre ? Car British Petroleum est à l’origine de désastres écologiques incommensurables. Svanberg fait semblant de ne pas savoir que ce pétrole qu’on produit est un poison pour la Planète et veut nous faire croire qu’en fin de compte c’est le prix à payer pour atteindre ce confort. On croit rêver.

On est dans une période extrêmement chaotique en termes d’information. Ainsi, aux Etats-Unis, l’exploitation des gisements de gaz de schiste est revue drastiquement à la baisse ; le plus grand foyer d’exploitation en Californie a vu ses réserves réduites de 96%... on est devant une illusion de courte durée. Partout la démagogie revient : on accorde aux populations l’information qu’elles ont envie d’entendre, sans souci des vrais défis, sans courage… et pour assurer une bonne récolte en voix lors des prochaines élections. Pas une fois un président n’a tiré la sonnette d’alarme pour faire prendre conscience du besoin incontournable de réduire la consommation et la production de pétrole. Aucun d’eux n’a osé augmenter les taxes. Et les inconvénients de l’exploitation du gaz de schiste s’accumulent : il y a bien sûr les produits chimiques utilisés pour l’extraction par fracturation hydraulique et la pollution des nappes phréatiques qui s’ensuit ; mais aussi le fait que cette technique oblige à forer continuellement car les gisements sont vite épuisés en 4-5 ans d’exploitation. L’environnement s’en ressent dangereusement, les sous-sols et les nappes phréatiques de certains Etats nord-américains sont sérieusement atteints.

On est face à un ‘paysage’ pétrolier extrêmement préoccupant. Les réserves de pétrole et de gaz s’épuisent, c’est clair. Déclin de la production, épuisement des réserves, vénalité des dirigeants des grandes sociétés pétrolières. Ainsi va la vie, pour 5 barils consommés chaque jour, il y a seulement un baril de ‘découvert’.

Il y a des solutions, d’autres énergies renouvelables –à la différence des énergies fossiles. A lui seul le soleil suffit pour couvrir tous les besoins du monde en énergie, énergie propre et inépuisable qui de plus est. Cela coûte plus cher que l’exploitation pétrolière… et alors ? Cela n’est pas une raison pour ne pas le faire et aller dans cette direction parce que l’alternative on la connaît déjà. Les politiques volontaristes de l’Allemagne et la Norvège éclairent la donne… notamment ce dernier pays industrialisé, producteur de pétrole, mais où la part des énergies renouvelables dans le total de la consommation énergétique est la plus élevée. C’est pareil en Allemagne où une génération d’hommes et femmes politiques a eu le courage de le faire et de mettre un arrêt au cercle vicieux du nucléaire