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jeudi 11 octobre 2018

Brésil : Bolsonaro ou la tyrannie de la majorité

Excellente tribune sur la vague populiste par Alexis Karklins-Marchay.

Dans un pays miné par la corruption, les deux seules institutions qui trouvent grâce auprès des Brésiliens sont l'Armée et les Églises, catholique ou évangéliques. Bolsonaro s'appuie ainsi sur ces deux piliers, affichant une volonté de restauration de l'ordre sur les plans à la fois sécuritaire et moral. Alors que des centaines de milliers de femmes ont manifesté fin septembre contre le candidat d'extrême droite, dénonçant notamment son sexisme, cette réaction du camp progressiste n'a pas porté ses fruits, voire a été contre-productive. Le candidat favori des sondages a même vu ses intentions de vote augmenter parmi les femmes (de 18 à 24% en quelques jours). Le pire ennemi de la démocratie n’est pas la dictature, ni la vidéo-surveillance, ni la NSA. Le pire ennemi de la démocratie, c’est la cinquième colonne que constituent les personnages de son rêve quand elle dort les yeux ouverts, et qu’elle prend pour un sursaut ce qui relève d’une reddition. En démocratie, le danger vient de l’intérieur : c’est le dévoiement de l’opinion en censure, ou la dilution de l’individu dans la foule. L’opinion publique, aux yeux de Tocqueville, est à la fois le premier pouvoir, la garantie de la liberté et le principe républicain garant des libertés individuelles, contre lequel tout pouvoir se brise. Mais l’opinion publique est aussi ce qui nivelle et qui uniformise, ce qui prépondère et combat les déviances. Bref, l’opinion publique, c’est la liberté, bien sûr, mais c’est aussi le conformisme.



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