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mercredi 23 juillet 2014

To Bio Or Not To Bio

S’IL y a une chose dont on est à peu près certain, c’est que la société de consommation, la croissance à tout prix, la mise en œuvre de nouvelles technologies et par là le pillage des ressources fossiles, ne sont pas prêts de s’arrêter. La pollution non plus. 

Les aliments, jadis fruits de la terre, passeront de plus en plus systématiquement par des usines de transformation, ils recevront des additifs de type conservateurs, exhausteurs de goût, stabilisants, etc., après avoir poussé selon des techniques agricoles à base d’engrais chimiques, auront été arrosés par des pluies chargées d’une pollution de plus en plus toxique. Sans oublier qu’à la source, la logique de l’agro-industrie impose au forceps l’utilisation des OGM, en dépit de moratoires qui prétendent le contraire. L’entrée en Bourse des denrées alimentaires de base prépare-t-elle aussi son lot de perspectives inquiétantes.

Alors pourquoi se prendre la tête avec une alimentation bio, dite saine, la volonté peu cohérente de respecter l’environnement, de protéger sa santé ? D’autant que pour couronner le tout, le bio est peut-être de moins en moins bio, les normes sont éventuellement de moins en moins rigoureuses, les contrôles de moins en moins fiables ? D’autant que si les géants de l’agro-alimentaire et de la grande distribution se mettent au bio à leur tour, et c’est le cas, tout devient possible pour minimiser les coûts et accroître les profits.

On peut aussi se demander à quoi cela sert de trier ses déchets ? Ce n’est quand même pas très ragoutant. Je me vois dans la rue en train de mettre le verre dans un conteneur, les plastiques dans un autre, et le papier, et le carton, et les détritus… Je suis obligé de repasser par la maison me laver les mains car j’ai les doigts qui collent, et qui puent ! On nous a même annoncé par voix officielles que dans certaines villes, ils re-mélangent tout en cachette ; la filière de tri n’existe pas et elle n’est pas prête d’exister, faute de moyens (à l’exception du verre et du plastique dans le meilleur des cas).

La confusion est générale. On ne comprend plus rien, on marche sur la tête. Alors, to bio or not to bio ? J’ai besoin qu’on m’explique.

Il existe dans les anciennes philosophies traditionnelles de tous les continents (de l’Inde aux Amérindiens), l’idée peut-être saugrenue de respecter la nature, d’aimer les 5 éléments, comme on les appelle dans le jargon indo- européen. Alors, tous ces petits gestes peu significatifs en apparence pour la majorité, ne prennent-ils pas une autre dimension si je les accomplis dans le bon état d’esprit ? Car à coup sûr, pour ce qui me concerne, chaque acte ami de l’environnement que j’accomplis, est motivé par une force intérieure bienveillante, entière, inhérente à ma personne, il est porteur d’une sorte d’effet placébo-planétaire. Je trouve la nature si belle, si généreuse, si riche, que je ne peux m’empêcher de lui vouloir du bien, et pour cela, d’ajuster mon mode de vie à sa « personne », son « bien-être ». Même si d’autres prétendent que cela ne sert à rien, et quand bien même le plus grand nombre agirait à l’opposé de mes choix. C’est peut-être cela, l’amour : ne rien attendre de l’autre. Quand j’observe la nature, j’ai le sentiment qu’elle me donne toujours le meilleur d’elle-même, qu’elle est vouée à me faire du bien, qu’elle n’attend rien de moi. Je n’ai donc rien à craindre d’elle. Je connais même des gens qui sont comme ça : qu’on dise du bien ou du mal d’eux, leur compassion est infinie, ils ne s’écartent jamais de leur volonté de faire avancer les choses dans le bon sens – sous-entendu, le bien-être de tous – de nous rapprocher de ce qu’il y a de meilleur en nous, de nous encourager. Et ils sont sans attente, c’est leur nature.

Etre sans attente, voilà le secret. Si mes actes sont justes, sages, bienveillants, mon intention génère alors cette sorte d’énergie que les Indiens appellent mansaseva, le service par l’esprit (ou spirituel), le placébo-planétaire capable d’affecter positivement tous les règnes du vivant (dans l’esprit de la communauté de Findhorn,  par exemple). Cette même intention favorise l’harmonisation des différences de personnalité à l’origine des conflits, elle génère l’atmosphère d’ouverture et d’accueil de l’autre. Quand cette bienveillance (qui ne demande qu’à grandir) se concrétise, le fond de l’être donne sa mesure à la forme de l’acte, la voie royale.

En fait, j’aime tellement cette volonté qui m’anime quand je fais des choix pour la nature, pour la terre, pour l’univers, que je vais continuer dans cette voie, quoi qu’on en dise ! Car je suis certain que cela participe au soutien spirituel dont l’humanité a besoin aujourd’hui : l’harmonisation des relations entre les êtres, et avec la nature. Le fruit de cette graine bio spirituelle est garanti. En Grec, « bio » signifie « vivant». Alors, je commence par me dépolluer la tête, je me lave le cerveau, je donne un nouveau sens aux mots et à la Vie.

Il est écrit que "l’effort suprême est d’être détaché du fruit de l’action, car il se manifestera obligatoirement, tôt ou tard" (Bhagavad-Gîtâ ). L’agir épouse alors le non-agir, le karma et le yoga, l’action et la pensée sont unifiées. C’est le bon modèle.

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